Qi Gong Statiques ou Zhangquan – Partie 2
ZHAN ZHUANG
pour faire suite à mon article précédent sur ce sujet, je vais vous parler du Qi Gong de l’arbre, qui est une des postures incontournables dans les arts daoïstes. Peut-être cela vous donnera l’envie de pratiquer ? Bonne lecture à vous et bon Qi
Introduction :
ZHAN ZHUANG est parfois traduit Debout sur un pieu, Debout sur un piquet, Debout comme un arbre, Debout sur un poteau, Debout sur une pile ou Debout sur un pylône.
Les Zhan Zhuang originaux étaient des méthodes de santé utilisées par les daoïstes dans les siècles récents, les pratiquants d’arts martiaux qui avaient déjà des méthodes statiques debout combinaient celles-ci avec la mécanique interne du Zhan Zhuang pour créer un exercice supérieur.
Le but du Zhan Zhuang dans les arts martiaux a toujours été de développer une structure corporelle forte et robuste. Aujourd’hui la plupart des pratiquants sont retournés à une pratique de préservation de la santé dans leur formation et peu enseignent les Zhan Zhuang comme méthode martiale.
Le mot Zhan Zhuang est le terme moderne. Il a été inventé par Wang Xiangzhai.
Wang, un étudiant de XingyiQuan, a créé une méthode de kung-fu entièrement basée sur la pratique de Zhan Zhuang, connue sous le nom de YiQuan, « Poing de l’Intention ou boxe de l’intention ».
La méthode d’étude du YiQuan combine le travail postural Zhan Zhuang plus des mouvements qui prolongent l’action de la posture statique.
La méthode Zhan Zhuang la plus courante est connue sous le nom de HunYuan (浑 圆; HúnYuán, « Complètement rond », « Douceur ronde ») ou ChengBao (撑 抱; ChēngBào, « Emballer »).
Cette posture est d’origine Daoïste et a de nombreuses variations.
Elle est la principale posture d’entraînement dans toutes les branches du YiQuan.
Cette pratique est également devenue courante dans les écoles de TaiJiQuan, de QiGong et de XingyiQuan.
On la retrouve également dans le DaiShiXinYiQuan, la boxe de l’Esprit du Coeur de la famille Dai.
Elle puise ses racines dans la lignée de l’Immortel caché qui remonte jusqu’à Lao Zi, ou on dénomme la pratique sous l’appellation San Ti Shi (chinois traditionnel : 三 體 勢), qui signifie Trois postures corporelles.
Ceux qui ne sont pas familiers avec le Zhan Zhuang peuvent éprouver une fatigue musculaire sévère et des tremblements au début. Plus tard, une fois que l’endurance et la force ont été développées, le praticien peut utiliser Zhan Zhuang pour travailler sur le développement de la sensation de « forces opposées », ainsi que son équilibre central et sa sensibilité sur des zones spécifiques de tension dans le corps.
La posture debout présente l’avantage de dynamiser le corps et l’esprit, d’éviter l’assoupissement et de favoriser les mouvements spontanés et l’évacuation des blocages énergétiques.
Cette posture renforce les défenses immunitaires de l’organisme en améliorant les points suivants :
– Mobilisation de la circulation sanguine
– Amplification des échanges gazeux
– Évacuation des tensions et blocages physiques et énergétiques
– Diminution du stress
– Éclaircissement de l’esprit
En Médecine Énergétique Chinoise, des postures spécifiques (variation de la position des mains et des bras) associées à des exercices internes (visualisations, respirations, mudras ou émissions de sons) sont préconisées pour s’occuper de certaines pathologies, organes ou entrailles, méridiens, dans le but de renforcer un organe ou guérir une problématique.
Cet exercice tient une place importante dans la plupart des arts internes et externes chinois.
La posture représente dans ces disciplines la source de tout mouvement.
Le pratiquant reste ainsi plusieurs minutes ou dizaines de minutes à concentrer puis déployer l’énergie à partir de son centre le Xia Dantien (Dantien inférieur), effectuer des exercices de respiration spécifiques, des visualisations, ou sentir la circulation de l’énergie suivant des trajets précis dans son corps…
Autres Bénéfices de la pratique :
D’une façon générale, on peut dire que la posture debout permet d’intégrer progressivement les principes importants de tout travail énergétique :
– Connexion aux six directions : haut / bas droite / gauche avant / arrière
– Étirement et relâchement de l’axe vertébral
– Ouverture de Du Mai (vaisseau gouverneur) et Ren Mai (vaisseau conception)
– Étirement circulaire et relâchement des membres
– Ouverture des 12 méridiens
– Relâchement des tensions musculaires dans tout le corps
– Ouverture respiratoire
– Apaisement du mental et des émotions
– Développement de l’attention
– Entraînement à la présence à soi-même et au monde
– Augmentation de la confiance en soi et de la force intérieure
Indications de base pour la pratique :
– Si l’on est à l’intérieur, ouvrir un peu la fenêtre, sauf s’il fait froid dehors ou qu’il y a du vent.
– Pour pratiquer dehors, il doit faire beau, sans vent ni humidité, ni de trop grosses chaleurs, ni de trop grands froids.
– Les yeux restent à demi ouverts, les paupières détendues.
– S’ouvrir à toutes les perceptions intérieures et extérieures.
– Pieds parallèles et écartés de la largeur des épaules.
– Orteils agrippés au sol sans effort. Permet de décoller YongChuan (1er point du méridien du Rein) du sol et donc à l’énergie de la Terre de monter dans les jambes
– Jambes fléchies aux trois articulations : chevilles, genoux, hanches, sensation d’ouverture et d’un ballon entre les jambes
– l’intérieur des pieds ne touche pas le sol
– Les genoux sont à l’aplomb des orteils. Il est très important de sentir que cette flexion vient d’un relâchement et non d’un effort, c’est le poids du corps qui fait plier les jambes.
– Tête suspendue par un fil imaginaire
– Coccyx relâché et qui pointe vers l’avant pour décambrer le bas du dos
– Poids dans les talons en laissant pendre la colonne.
– Épaules et hanches relâchées
– Position variable pour les bras suivant la posture, mais toujours un peu d’ouverture des coudes :
*1ère possibilité : Arrondir les bras comme si on enlaçait un tronc d’arbre, les paumes de mains regardent le buste à hauteur du Dantien Médian (Zhong Dantien) les bouts des doigts face à face ne se touchent pas.
*2ème possibilité : Arrondir les bras comme si on enlaçait un tronc d’arbre, les paumes de mains regardent le bas du ventre à hauteur du Dantien Inférieur (Xia Dantien) les bouts des doigts face à face ne se touchent pas.
– Les aisselles sont ouvertes comme si on avait une petite balle en dessous ce qui permet au qi de circuler dans les bras.
– Respiration naturelle par le nez, l’air entre et sort librement sans effort et sans bruit.
– La langue touche le palais derrière les dents sans effort, les dents et la bouche sont fermées
Commencer en restant 5 minutes et augmenter petit à petit la durée de l’exercice chaque
jour d’1 minute jusqu’à 30 minutes minimum afin que les tensions viennent à lâcher et que l’énergie commence à circuler dans tout le corps.
Il n’y a pas de maximum !!!
La mobilité dans l’immobilité est le sens de la pratique : en effet, un arbre n’est jamais complètement immobile, ne serait-ce que par le léger mouvement de ses feuilles ou de ses branches…
D’un autre côté on ne cherche pas à bouger, on laisse faire le Qi qui par son mouvement va induire des micro-mouvements qu’on laisse se produire.
Ne pas retenir les bâillements et les éventuelles autres manifestations comme des éructations.
Accueillir les tensions et les douleurs sans lutter contre, simplement les observer et les sentir pour pouvoir progressivement les transformer et les dissoudre.
Si quand les tensions deviennent trop pénibles ou difficiles à supporter :
– dans les bras : relâchez-les lentement et les laisser pendre le long du corps quelques instants avant de reprendre la position
– Dans les jambes : passer doucement alternativement le poids d’une jambe sur l’autre en gardant l’ouverture entre les pieds sans décoller les pieds du sol.
– Dans le cou : effectuer des petites rotations lentes avec la nuque.
Rester très attentif aux micro-mouvements dans tout le corps, aux sensations qui se déplacent au fur et à mesure des relâchements successifs des tensions du corps.
Revenir constamment au relâchement des membres inférieurs (en commençant par les pieds et les chevilles) qui donnent accès à la terre pour l’évacuation les tensions de tout le corps.
A la fin de l’exercice, monter les mains au-dessus de la tête, pivoter les mains face à la Terre, descendre lentement les mains en expirant pour harmoniser l’énergie de la tête jusqu’aux pieds.
Refaire ce mouvement 3 fois.
Si vous ne pratiquez pas une forme à la suite du travail postural, massez-vous le visage et le corps, et retourner à vos activités.
Dans le prochain article, je vous parlerai des postures WuJi Zhuang, TaiJi Zhuang et HunYuan Zhuang, spécifiques de l’alchimie interne dans le DaiShiXinYiQuan, la boxe de l’esprit du cœur de la famille Dai qui puise ses racines dans la lignée de l’Immortel caché. D’ici là, je vous souhaite une bonne pratique de la posture de l’arbre. Bon Qi à vous.
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